Lisette Ntumba est une jeune assistante à l’Université. Sur ses temps libres, elle apprend à fabriquer du jus de fruits fait maison qu’elle utilise personnellement. Ce qui a commencé comme une passion a vite fini par devenir une entreprise commerciale de fabrication de jus de fruits. Nous sommes allés à sa rencontre.
E.CD : bonjour. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Lisette : je m’appelle Lisette Ntumba et je suis la fondatrice de Lys Corp, une entreprise spécialisée dans la fabrication de jus de fruits à Kinshasa que j’ai créé en 2019.
E.CD : comment vous est venue cette idée d’entreprise ?
Lisette : au départ, j’étais dans la formation des jeunes et des femmes dans la fabrication des jus de fruits à travers une ONG que j’avais créé. Étant Assistante à l’Université (d’abord à l’UNIKIN et puis actuellement au CIDEP), j’ai suffisamment de l’expérience en pédagogie.
La particularité de ces formations est qu’elles étaient dispensées en Lingala (l’une des quatre langues nationales) et qu’elles permettaient à des gens n’ayant pas de grande connaissances en management de se lancer dans des activités génératrices de revenus avec un petit capital.
E.CD : mais pourquoi ne pas avoir continué sur cette lancée ?
Lisette : mes formations ont aidé beaucoup de gens à se lancer et à émerger. Mes anciens apprenants sont aujourd’hui dans le mobile money, le commerce de détail ou l’artisanat. En tant que formatrice, il était logique que je puisse aussi me lancer.
E.CD : vos débuts ont-ils été faciles ?
Lisette : pas du tout. Dans le commerce des jus de fruits, nous sommes soumis à plusieurs pondérables. Le premier étant les accessoires. Nous commandons les bouchons en Chine ou en Europe, faute de production locale. Pour les bouteilles, je suis obligée d’utiliser celles de ré-emploi, car la seule usine de fabrication de bouteilles ici (BOUKIN) a des tarifications qui sont beaucoup trop chères pour les petits entrepreneurs comme nous.
E.CD : quel est votre volume de production ?
Lisette : je produis en fonction de la demande. Ce sont 100 bouteilles pour 8 heures de travail incluant tout le cycle de production : lavage, stérilisation du matériel (bouteilles), épluchage, broyage, préparation, pasteurisation, mise en bouteille, encapsulation, étiquetage et mise en carton.
E.CD : écoulez-vous facilement votre production ?
Lisette : non, car je fais essentiellement du B2C en démarchant moi-même les clients. Je n’ai pas de compétences marketing pour atteindre plus de monde. Il y a aussi, la résistance de certains supermarchés qui refusent systématiquement les produits congolais.
E.CD : il y a des supermarchés ici à Kinshasa qui refusent des produits congolais ? Pour quelles raisons ?
Lisette : je ne sais pas. C’est une question qu’il faudrait leur poser. Seuls quelques entrepreneurs que je connais et qui sont encadrés par des incubateurs, arrivent à distribuer leurs produits dans certaines grandes surfaces.
E.CD : ces incubateurs assumeraient donc pour eux, les compétences qu’ils n’ont pas ?
Lisette : oui, car pour certains que je connais, les incubateurs aident dans le Networking, en démarchant les supermarchés, mais aussi assistent dans la fourniture de l’emballage et l’acquisition du matériel.
E.CD : pouvez-vous nous parler de vos produits ?
Lisette : j’ai quatre sortes de jus de fruits, que je produis suivant les saisons.
Le Jus de la Passion (composé de maniguette et de papaye) est excellent contre la constipation et la régulation de la tension artérielle.
Le Jus Énergie est constitué de concentrés issus du baobab et de l’ananas. Dans nos coutumes, on désigne le baobab comme étant l’arbre de la longévité et c’est normal, car il y a dedans trois fois plus de calcium que dans du lait. Pour les enfants en pleine croissance, c’est l’idéal.
Ma troisième marque, c’est Bissap qui est un bon contre l’insomnie. Il a la particularité de diminuer le flux de sang menstruel chez les femmes. Je l’ai expérimenté moi-même et ça marche.
Et puis il y a Lys au Gingembre, à laquelle j’ajoute de la banane et des mangues. Il est un bon apéritif, mais surtout, un accompagnement pour les personnes faisant un régime.
E.CD : un dernier mot ?
Lisette : je demande aux autorités de nous aider à émerger. Nous avons beaucoup de difficultés dues à l’absence de matériels et d’accessoires sur place. Le gouverneur vient d’interdire l’usage du plastique dans la ville. Pour les petits producteurs que nous sommes, il n’est pas facile d’acquérir de l’emballage biodégradable à cause du coût élevé de la douane. Tout cela sans compter les aspects juridiques qui poussent nombreux d’entre nous à œuvrer dans la clandestinité. Je suis actuellement entreprenante suivant la législation de l’OHADA, car cela m’exempte de payer des impôts. Mais je pense que nos autorités devraient alléger certains matériels et produits pour booster l’artisanat local, comme ils le font avec certains produits agricoles qui sont exonérés à la douane.
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Lisette Ntumba, d’assistante d’universalité à la création de son entreprise
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